Le chenin Aujourd’hui
En 2019, le 1 er Congrès International sur le Chenin Blanc (CBIC) a eu pour thème « Le Chenin dans un environnement en mutation ». Ce nouvel environnement est à fois sociétal, économique, commercial et climatique. C’est donc l’avenir de ce cépage qui se rejoue actuellement.
Ainsi, la capacité d’adaptation du Chenin au changement climatique devient un sujet. L’attention portée à la sécheresse, au gel, aux maladies et autres parasites redouble.
Stylistiquement, médiatiquement, commercialement, le Chenin devient progressivement un blanc tendance et même alternatif. En effet, s’il profite d’un marché des vins blancs en croissance, sa singularité est de plus en plus valorisée auprès des grands amateurs comme des simples découvreurs.
Bref, le moment est venu de mobiliser mais aussi de faire grandir la communauté des fans de Chenin au-delà de ses zones de production et de consommation actuelles. La mention de ce cépage sur les étiquettes de vin s’avère plus que jamais stratégique pour l’installer dans les repères et critères d’achat, et ce en complément des marques et indications géographiques.
Un cépage à fort potentiel
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En qualité
Le Chenin donne des vins très élégants, avec une belle vivacité, du fait de son acidité naturelle élevée, mais aussi une belle complexité, en raison de sa large palette aromatique (acacia, aubépine, tilleul, coing, poire, mirabelle, agrumes, écorce d’orange, goyave, miel ou encore épices douces). Il répond aujourd’hui parfaitement à la demande croissante de vins sur la fraîcheur, pouvant être apprécié jeunes mais aussi après plusieurs années de garde. Par ses caractéristiques propres mais aussi le talent des vignerons qui le subliment, ce cépage contribue progressivement à l’émergence d’une nouvelle génération de grands blancs secs en Val de Loire, aux prix de 15-30 € TTC en France et 40-50 $ aux Etats-Unis.
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En diversité
Selon les terroirs (calcaires, schistes) mais aussi les millésimes et les conditions de culture, le Chenin permet l’élaboration de vins multiples, effervescents ou non, secs, demi-secs, moelleux ou encore liquoreux. Peu de cépages offre un champ des possibles aussi large, avec à la clef des marchés et des cibles variés. Ainsi par exemple, 60-65% du Chenin du Val de Loire est en fines bulles, 25-30% en blancs secs voire demi-secs et 10-15% en moelleux-liquoreux.
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En originalité
Le Chenin tire notamment son originalité de sa versatilité, l’un de ses traits de caractère les plus célèbres mais aussi les plus commentés, voire débattus. Hyper sensible à son terroir d’implantation, aux modes de conduite, à l’effet millésime mais aussi aux choix du vigneron en matière de date de récolte mais aussi de vinification, ce cépage semble pouvoir donner autant de vins qu’il y a de cas de figure. En définitive, le leitmotiv du Chenin consiste à ne lasser jamais et à surprendre toujours …
Un cépage à faire (re)connaître
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Au-delà de ses zones de production actuelles
Sur les presque 35 000 ha de Chenin plantés dans le monde, 85% se trouvent dans 2 pays seulement : l’Afrique du Sud (55%) et la France (30%). On peut même parler d’hyper concentration régionale avec 30% du Chenin mondial localisés en Val de Loire. Arrivent loin derrière : l’Argentine (6%) et les Etats-Unis (5,8 %). Par comparaison, le Chardonnay dépasse les 200 000 Ha répartis sur plus de 40 pays.
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Au-delà de ses zones de consommation actuelles
Si la production de Chenin se limite à quelques pays, et mêmes certaines régions du monde, sa consommation est dans le même cas. 80% des bouteilles de Chenin français ont pour débouché l’hexagone. Les 20% restants sont exportés dans quelques pays, européens pour l’essentiel, et principalement en Allemagne. S’agissant du Chenin africain, même s’il est majoritairement exporté, ses consommateurs se concentrent également en Europe et notamment en Grande-Bretagne.
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Au-delà des vins blancs habituels
De grands chefs et sommeliers déclarent et partagent aujourd’hui leur passion pour ce cépage encore largement méconnu et parfois mal jugé. Pascaline LEPELTIER, meilleure sommelière de France 2018, en est même devenue l’ambassadrice emblématique, considérant qu’il est « le plus grand cépage ». Côté accords mets et vins, le succès grandissant de la cuisine végétalienne l’avantage de plus en plus.
Toutefois, beaucoup de consommateurs de vins blancs ne le connaissent pas encore. En outre, parmi ceux qui le connaissent déjà, beaucoup n’en expérimentent pas encore toute la diversité en types et styles de vins possibles. En Afrique du Sud, la mention « old vines » existe pour valoriser les parcelles les plus anciennes. Dans ce pays, des études marketing invitent à distinguer le « rich » et le « fresh » comme 1 ère clef d’entrée dans l’univers du Chenin. En Val de Loire, l’essentiel de la production de Chenin est en AOP. Or, c’est l’AOP qui est traditionnellement et uniquement mise en avant comme déclencheur d’intérêt et d’achat sur les étiquettes principales des cuvées à base de Chenin. Toutefois, la mention Chenin est aujourd’hui progressivement positionnée aux côtés des dénominations d’appellation et des marques propres, sachant qu’à l’export la référence au cépage est en soi stratégique.
Un cépage à pérenniser et à adapter
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En raison des maladies mais aussi désormais du changement climatique
Le Chenin doit être géré au regard d’un certain nombre de maladies et de ravageurs. Il s’avère très sensible à l’oïdium, aux pourritures grise, acide, et aux maladies du bois. Il s’avère sensible aux vers de la grappe, aux broussins et à l’excoriose. Par contre, il ne craint guère le black rot, le mildiou, l’anthracnose ou la maladie de Pierce.
Le Chenin est assez sensible à l’échaudage et au grillage. En France, l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) travaille actuellement sur des sce nari d’adaptation au réchauffement climatique à l’échelle du vignoble hexagonal et le laboratoire de Tours du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) étudie même des stratégies locales en lien avec des viticulteurs D’ores et déjà, on notera la très bonne adaptation végétative du Chenin aux conditions tropicales. On le trouve d’ailleurs en Inde. Quant au Chenin d’Afrique du Sud, il a démontré une réelle capacité d’acclimatation à une météo aride.
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En mettant en place des conservatoires et en menant des études
Le Chenin doit conserver toute sa diversité variétale et intra-variétale, laquelle est jugée remarquable par les ampélographes. L’avenir du cépage en dépend. La mise en place d’un réservoir
génétique permet de préserver, d’observer et de répertorier cette diversité naturelle du Chenin avant que celle-ci ne disparaisse.
La prospection dans des zones géographiques différentes offre une chance supplémentaire d’obtenir des individus de Chenin ayant une base génétique différente. Le travail préalable à toute prospection est un recensement des parcelles non clonales et les plus anciennes. C’est ainsi que la France a mené en 2019 un travail de prospection en Afrique du Sud. Après des tests sanitaires, les souches sélectionnées indemnes de viroses sont expédiées dans l’hexagone, et plus précisément en Val de Loire.
Grâce aux conservatoires, des programmes de sélection sont possibles. Ils aboutissent à l’agrément et la multiplication d’un ou plusieurs nouveaux clones diffusés en catégorie certifiée.